The Japan Times - A Jakarta, des "hommes d'argent" qui en voient rarement la couleur

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A Jakarta, des "hommes d'argent" qui en voient rarement la couleur
A Jakarta, des "hommes d'argent" qui en voient rarement la couleur / Photo: Yasuyoshi CHIBA - AFP

A Jakarta, des "hommes d'argent" qui en voient rarement la couleur

Par un après-midi pluvieux à Jakarta, trois hommes le corps recouvert de peinture argentée font la manche auprès des automobilistes: partout sur l'île de Java, les "manusia silver" n'ont souvent pas d'autre choix que de mendier pour gagner à peine de quoi survivre.

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"Je veux trouver un vrai travail, plus digne, j'ai honte de gagner de l'argent comme ça", témoigne Ari Munandar, 25 ans.

"Mais la gêne disparaît quand vous vous souvenez que votre fille et votre femme sont à la maison", ajoute l'homme.

Pieds nus, vêtus seulement d'un short et enduits d'une peinture irritante, Ari, son frère Keris et leur ami Riyan Ahmad Fazriyansah, vont passer cinq heures à une intersection du nord de la gigantesque capitale.

Chaque fois que la file de voitures s'arrête, ils se figent et se déplacent en gestes saccadés, tels des robots.

"Je fais ça parce qu'un jour, j'ai vu un ami gagner plus d'argent en imitant un robot", explique Ari, qui tend sa sébile aux automobilistes.

Rien d'anormal à Jakarta, où de nombreux hommes sans emploi s'improvisent agents de circulation ou gardiens de parking, contre un petit billet de 2000 ou 5000 roupies (0,10 à 0,20 euro).

Les meilleurs jours, Ari peut gagner jusqu'à 200.000 roupies (10 euros), mais sa recette quotidienne dépasse rarement 120.000 roupies (6,4 euros), juste de quoi nourrir sa famille.

Un maigre revenu loin du salaire minimum mensuel de Jakarta, qui s'élève à cinq millions de roupies (260 euros) selon l'Agence indonésienne des statistiques.

"Je ne vais pas déjeuner, mais juste me désaltérer et fumer une cigarette", dit Ari, dans un pays où la population se plaint du coût de la vie.

Le prix du kilo de riz, aliment de base dans l'archipel, a bondi de 27% entre 2015 et 2025, selon l'agence des statistiques.

- Au chômage depuis 2019 -

Le peu d'offres d'emploi est la principale raison pour laquelle des jeunes, hommes ou femmes, doivent se résoudre à faire la manche.

"Depuis que j'ai été licencié en 2019, je mendie", raconte Ari. "Avant cela, je nettoyais des toilettes".

Selon les données officielles, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (fixé à 595.000 roupies par mois, soit 31 euros) dans la métropole de 11 millions d'habitants est passé de 362.000 en 2019 à 449.000 en septembre 2024.

"A Jakarta (...) de nombreux jeunes de 20 à 40 ans avec peu de qualifications se sont retrouvés au chômage", relève Bhima Yudistira, directeur du Centre d'études économiques et juridiques de Jakarta.

"Même s'il n'existe pas de décompte national, il y a eu une énorme augmentation de la mendicité à Jakarta après la pandémie (de Covid) de 2021", ajoute-t-il.

Après cinq heures à tourner sur le même carrefour, les trois compagnons d'infortune rentrent chez eux.

Entassés à l'arrière d'un tuk-tuk, ils comptent leurs maigres gains et allument une cigarette qu'ils se partagent.

Bien loin des rutilants gratte-ciel du centre-ville, ils regagnent leur bidonville coincé entre une voie de chemin de fer et une rivière à l'eau crasseuse et nauséabonde.

Des enfants jouent sur les rails au rythme des trains qui sifflent.

Leurs modestes habitations, qui ne font pas plus 15 m2, sont faites de toile et de bois abîmés par le temps.

A la nuit tombée, Ari, accroupi, s'asperge le corps d'eau, éclairé par une lampe torche que tient son épouse, Wahyu Ningsih.

Sous le regard de leur fille d'un an, il se frotte énergiquement la peau pour effacer les dernières traces de la peinture huileuse et collante.

"Au début, la peinture me brûlait, j'ai gardé une cloque dans le cou. Aujourd’hui, ça ne me pique plus que les yeux", confie Ari.

Une fois séché, il file chez lui et joue avec sa fille. "Dès que je suis ici, j'oublie toute la fatigue", sourit-il, avant de confier un dernier voeu, le regard plein d'amour pour son enfant: "J'espère qu'elle ne fera jamais ce que je fais".

K.Tanaka--JT