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La veuve du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi, assassiné en 2018 par des agents saoudiens, a déposé plainte lundi en France contre X pour dénoncer une surveillance de ses téléphones via le logiciel espion israélien Pegasus avant la mort de son mari, ont annoncé à l'AFP ses avocats.
Avant la disparition de ce reporter critique du pouvoir saoudien, "un climat de surveillance et d'intimidation" a été instauré "autour de lui et de ses proches", expliquent Mes William Bourdon et Vincent Brengarth dans un communiqué.
Selon eux, sa veuve, Hanan Elatr Khashoggi, a ainsi vu à l'époque "ses téléphones portables infectés par le logiciel espion Pegasus", propriété de la société israélienne NSO, accusée depuis plusieurs années d'avoir permis la surveillance de militants, journalistes et opposants par différents gouvernements.
Pour Mes Bourdon et Brengarth, l'Arabie saoudite a ainsi utilisé ce logiciel "pour surveiller, contrôler et museler les opposants politiques, journalistes et défenseurs des droits de l'Homme qui critiquent le régime en place".
L'interception illicite de données "a notamment eu lieu sur le territoire français où (Hanan Elatr Khashoggi) se rendait fréquemment dans le cadre de son travail", en tant qu'hôtesse de l'air.
La veuve du journaliste assure avoir pu obtenir confirmation que ses deux téléphones avaient été infectés par Pegasus en avril 2018, après une expertise de ces derniers par The Citizen Lab, section de l'université canadienne de Toronto en pointe sur les questions de technologies et droits de l'Homme.
Pour ses avocats, "il est impensable de ne pas établir un lien entre cette interception et les agissements ayant conduit à l'assassinat" de son époux.
Hanan Elatr Khashoggi, qui vit aux Etats-Unis où elle a obtenu l'asile politique, a donc décidé de porter plainte devant le procureur de la République de Paris pour "atteintes à un système de traitement automatisé de données, atteintes à la personnalité et recel de ces mêmes infractions".
Sept ans après la mort de son époux, "les responsables saoudiens aussi bien que les dirigeants de l'entreprise NSO ayant commercialisé le logiciel demeurent impunis", dénoncent Mes Bourdon et Brengarth, qui demandent à la justice française d'ouvrir une enquête.
Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre 2018 dans le consulat saoudien à Istanbul par des agents venus d'Arabie saoudite. Son corps, démembré, n'a jamais été retrouvé. Un rapport d'enquête des Nations unies a conclu à la possible commission d'actes de torture.
H.Takahashi--JT