The Japan Times - En Albanie, l'"enfer" des victimes de prostitution venues du bout du monde

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En Albanie, l'"enfer" des victimes de prostitution venues du bout du monde
En Albanie, l'"enfer" des victimes de prostitution venues du bout du monde / Photo: Adnan Beci - AFP

En Albanie, l'"enfer" des victimes de prostitution venues du bout du monde

Maria, une Vénézuélienne de 38 ans, est arrivée à Tirana en novembre 2024. Arrêtée cinq jours après avec d'autres femmes accusées de se prostituer, elle a passé des mois en détention en Albanie, où la hausse spectaculaire du tourisme s'accompagne d'une multiplication des cas de trafic d'êtres humains et de prostitution.

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"Les femmes albanaises ont longtemps été victimes de la traite, mais aujourd'hui nous devons faire face à une autre situation : une criminalité internationale dont les victimes sont des femmes originaires d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine ... emmenées en Albanie en transit ou en court séjour, forcées à se livrer à la prostitution", explique la commissaire Geranda Gjeta, du département de lutte contre la traite des êtres humains, à Tirana.

Mercredi 1er octobre, 54 femmes venues d'Amérique latine ont ainsi été recueillies lors d'une opération menée sous l'égide d'Europol, menée en Albanie, en Croatie et en Colombie ; et dix-sept personnes ont été arrêtées en Albanie et en Colombie, dont le chef supposé du réseau.

Principalement composé de Colombiens, le réseau "recrutait et transportait des femmes vulnérables de Colombie vers l'Europe. Une fois sous le contrôle du réseau, les victimes étaient soumises à une exploitation sexuelle dans plusieurs pays européens, dont l'Albanie et la Croatie", détaille Europol.

Les criminels supervisaient tout, "depuis le recrutement jusqu'à la collecte de l'argent, soumettant souvent les victimes à des violences psychologiques et physiques, ainsi qu'à des menaces contre leurs proches en Colombie".

- "Enfer" -

D'après les enquêtes de la police albanaise, les victimes entrent dans le pays avec un visa touristique ou un visa de travail, via des agences d'intérim, et souvent munies de faux papiers qui leur permettent de se déplacer, après quelques mois, dans d'autres pays européens.

Elles savent généralement qu'elles viennent pour se prostituer, leurrée par des promesses d'argent facile.

"On m'a promis le paradis mais j'ai trouvé l'enfer", confie à l'AFP Maria, dont le prénom a été modifié pour des raisons de sécurité comme tous ceux des femmes citées, interviewée dans un appartement loué par Vatra, une association albanaise d'aide aux victimes.

Prise en flagrant délit de prostitution à Elbasan, ville industrielle du centre du pays, dans un appartement loué en ligne où elle devait, avec d'autres femmes, recevoir des clients, Maria a passé sept mois en détention provisoire à Tirana.

Epuisée, elle raconte avoir entendu parler de l'Albanie par "des amies" qui lui vantent un travail bien rémunéré, sans cacher qu'il s'agit de prostitution. "Mais on ne savait pas que c'était illégal, sinon nous ne serions pas venues ici".

Dans son téléphone, la police a mis la main sur des photos érotiques, des applications de rencontre et des messages venus de numéros étrangers, entre autres du Pérou et de Lituanie. L'enquête est encore en cours pour essayer de retracer ces numéros.

La police a aussi trouvé le numéro de Carina, enregistré dans les téléphones de deux autres femmes arrêtées avec Maria.

Selon l'une d'elles, que l'on appellera Ana, il s'agit du numéro de la femme qui l'a faite venir de Colombie.

Carina a créé un groupe what's app baptisé "Chicas" - "filles", en espagnol. On y trouve une liste de services sexuels, des horaires... Elle gère aussi les contacts avec les clients, distribue les passes, trouve les appartements ; en échange de 50% des gains. Pour rembourser les frais de voyage jusqu'en Albanie, explique-t-elle aux femmes du groupe.

- Menaces -

Ces femmes sont amadouées par "des criminels qui leurs offrent une nouvelle perspective" et promettent de l'argent rapide, explique la commissaire Geranda Gjeta.

Attirées par des groupes criminels "qui disposent de capacités logistiques et financières considérables", une fois en Europe, "elles deviennent la proie d'escroqueries et de menaces de la part de ces criminels qui leur envoient des vidéos de leurs familles ou des menaces de morts", raconte la commissaire.

"Il y a moins de violence visible qu'auparavant", précise Nenad Nača, chef d'équipe spécialisé dans la traite des êtres humains chez Europol. "Les criminels ont compris que les êtres humains qu'ils trafiquent – qui pour eux ne sont pas des êtres humains, juste des marchandises – perdent de leur valeur s'ils sont blessés, et risquent d'attirer l'attention. Alors ils manipulent, ils usent de techniques de coercition différentes, de violence psychologique ou la +violence éducative+ : ils filment quelqu'un en train de se faire battre et montrent la vidéo à d'autres, leur faisant savoir que c'est ce qui leur arrivera s'ils désobéissent".

Ainsi menacées, lorsqu'elles sont arrêtées, "elles préfèrent assumer toute la responsabilité de leurs actes", détaille Brikena Puka, la responsable du centre Vatra, qui observe depuis plusieurs mois "une hausse du nombre de victimes étrangères de la traite à des fins d'exploitation sexuelle".

A leur sortie du prison, Vatra a permis à Maria et Ana d'être hébergées dans un appartement sécurisé, le temps qu'elles puissent récupérer leurs passeports, encore aux mains de la police, et quitter l'Albanie.

C'est depuis cet appartement que Ana, 32 ans, originaire de République dominicaine, raconte son histoire à l'AFP.

Cette mère de deux enfants travaillait dans un bar à Barcelone, mais ce qu'elle gagnait ne suffisait pas à couvrir le loyer, nourrir ses enfants et envoyer de l'argent à ses parents. Repérée par un réseau, elle accepte un travail d'Escort en Albanie - où elle devra "donner la moitié de l'argent gagné à la personne qui allait gérer ses contacts avec les clients".

"La prostitution, on le fait par besoin", explique Ana. "On voit ça comme quelque chose de rapide et de facile. Mais ce n'est pas vrai. Non seulement on se laisse maltraiter, mais en plus on est obligé de remettre 50% de ce qu'on gagne de notre corps à nos proxénètes", ajoute-t-elle peinant à retenir ses larmes.

- Crime décentralisé -

Fermée au monde pendant des décennies, l'Albanie a dans les années 1990 été plongée dans une crise qui a facilité l'émergence d'une mafia devenue l'une des plus puissante d'Europe, spécialisée dans le trafic d'êtres humains et le trafic d'héroïne, rappelle Fabrice Rizzoli, spécialiste du crime organisé.

Plus de 30 ans plus tard l'Albanie, devenue une destination touristique de masse, voit la prostitution, illégale dans le pays, s'ancrer sur son territoire - comme dans les tous les pays où le nombre de touristes augmente, précise M. Rizzoli, prenant en exemple l'afflux de prostituées lors des grands événements sportifs mondiaux.

Entre 2024 et le début de l'année 2025, les autorités ont arrêté 15 étrangers et 10 Albanais dans le cadre d'enquêtes sur ces réseaux criminels, selon des données compilées par l'ONG Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale (GI-TOC). Environ 90 femmes, majoritairement étrangères, ont été poursuivies.

Au cours des six premiers mois de l'année 2025, la police albanaise a ouvert 108 enquêtes, menant de vastes opérations dans des centres de massage, des bars ou des hôtels, selon des données récoltées par l'AFP. Au moins 37 ressortissants étrangers soupçonnés d'infraction pénale liées à la traite et une dizaine de victimes potentielles d'exploitation sexuelle ont été identifiés.

"C'est devenu un défi transnational", ajoute la commissaire Gjeta, dont les collègue chargés de la cybercriminalité enquêtent sur plusieurs sites internet hébergés à l'étranger et qui permettent aux clients de la prostitution de payer - presque - sans traces, et aux criminels de blanchir une partie des recettes.

"Nous constatons une coopération entre groupes – nous ne sommes plus dans un type de mafia national ; les réseaux criminels fonctionnent davantage de manière décentralisée - ce sont plutôt des cellules qui coopèrent entre elles par-delà les pays ou les continents - et très mobiles, donc très difficiles à suivre", ajoute Nenad Nača. "Lorsqu'une enquête est lancée, ils ont parfois déjà déménagé dans un autre pays – alors la coopération est essentielle".

Y.Kimura--JT