The Japan Times - Philippines: Raquel Fortun, la femme qui murmure aux morts de la guerre anti-drogue

EUR -
AED 4.301343
AFN 77.611852
ALL 96.514738
AMD 446.868239
ANG 2.096972
AOA 1074.017289
ARS 1697.403887
AUD 1.766826
AWG 2.11114
AZN 1.995739
BAM 1.956099
BBD 2.35916
BDT 143.251875
BGN 1.956099
BHD 0.441567
BIF 3463.32887
BMD 1.171229
BND 1.514231
BOB 8.094236
BRL 6.490135
BSD 1.171279
BTN 104.951027
BWP 16.475516
BYN 3.442526
BYR 22956.085522
BZD 2.35576
CAD 1.615886
CDF 2996.593612
CHF 0.937635
CLF 0.027188
CLP 1066.568306
CNY 8.246564
CNH 8.23796
COP 4521.190411
CRC 584.989331
CUC 1.171229
CUP 31.037565
CVE 110.281841
CZK 24.338023
DJF 208.581852
DKK 7.472562
DOP 73.371204
DZD 152.341263
EGP 55.872532
ERN 17.568433
ETB 181.965387
FJD 2.67474
FKP 0.875386
GBP 0.880988
GEL 3.144796
GGP 0.875386
GHS 13.453054
GIP 0.875386
GMD 85.500123
GNF 10238.563486
GTQ 8.975371
GYD 245.057422
HKD 9.113976
HNL 30.857712
HRK 7.53616
HTG 153.573452
HUF 386.728509
IDR 19556.008162
ILS 3.75619
IMP 0.875386
INR 104.915757
IQD 1534.434317
IRR 49308.735131
ISK 147.141933
JEP 0.875386
JMD 187.41862
JOD 0.830448
JPY 184.767254
KES 150.983056
KGS 102.424413
KHR 4700.717826
KMF 491.916529
KPW 1054.105695
KRW 1728.406292
KWD 0.359837
KYD 0.976149
KZT 606.152563
LAK 25368.873969
LBP 104891.417505
LKR 362.65538
LRD 207.321659
LSL 19.649501
LTL 3.458335
LVL 0.708465
LYD 6.34897
MAD 10.73654
MDL 19.830028
MGA 5326.813434
MKD 61.5594
MMK 2459.916548
MNT 4159.16935
MOP 9.388034
MRU 46.876158
MUR 54.052655
MVR 18.095929
MWK 2031.110162
MXN 21.122649
MYR 4.775145
MZN 74.845892
NAD 19.649501
NGN 1710.181964
NIO 43.106583
NOK 11.874743
NPR 167.921643
NZD 1.99613
OMR 0.451419
PAB 1.171279
PEN 3.944502
PGK 4.982761
PHP 68.60009
PKR 328.173614
PLN 4.207347
PYG 7858.199991
QAR 4.270252
RON 5.07775
RSD 117.397927
RUB 94.264395
RWF 1705.460433
SAR 4.392871
SBD 9.541707
SCR 17.757712
SDG 704.49846
SEK 10.855305
SGD 1.514755
SHP 0.878725
SLE 28.168488
SLL 24560.087729
SOS 668.202038
SRD 45.023799
STD 24242.072559
STN 24.503742
SVC 10.248565
SYP 12951.989104
SZL 19.647
THB 36.805911
TJS 10.793648
TMT 4.099301
TND 3.428524
TOP 2.820038
TRY 50.065939
TTD 7.950214
TWD 36.91585
TZS 2922.446274
UAH 49.525863
UGX 4189.639781
USD 1.171229
UYU 45.987022
UZS 14081.15027
VES 330.473524
VND 30817.959199
VUV 141.753524
WST 3.265184
XAF 656.057184
XAG 0.017437
XAU 0.00027
XCD 3.165305
XCG 2.111022
XDR 0.815925
XOF 656.057184
XPF 119.331742
YER 279.225162
ZAR 19.652061
ZMK 10542.469351
ZMW 26.501047
ZWL 377.135213
  • AEX

    4.5100

    944.59

    +0.48%

  • BEL20

    19.7100

    5074.52

    +0.39%

  • PX1

    0.8200

    8151.38

    +0.01%

  • ISEQ

    28.7700

    13105.03

    +0.22%

  • OSEBX

    10.3900

    1660.14

    +0.63%

  • PSI20

    83.7200

    8211.61

    +1.03%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    46.5400

    4164.85

    +1.13%

  • N150

    9.6800

    3734.28

    +0.26%

Philippines: Raquel Fortun, la femme qui murmure aux morts de la guerre anti-drogue
Philippines: Raquel Fortun, la femme qui murmure aux morts de la guerre anti-drogue / Photo: JAM STA ROSA - AFP

Philippines: Raquel Fortun, la femme qui murmure aux morts de la guerre anti-drogue

Dans une morgue de fortune de Manille, Raquel Fortun murmure aux restes de squelettes humains. Elle cherche à connaître la vérité sur leur mort brutale survenue pendant la guerre contre la drogue aux Philippines, et à obtenir justice pour leurs familles.

Taille du texte:

Six mois après le départ du président Rodrigo Duterte, la médecin légiste de 60 ans examine quelques-unes des milliers de personnes tuées pendant la violente lutte contre les narcotrafiquants menée par l'ex-chef d'Etat.

Mme Fortun est l'une des deux seuls légistes des Philippines. Elle aide les défenseurs des droits humains à rassembler des preuves qui pourraient être utilisées un jour devant les tribunaux contre la police, accusée d'avoir commis des exécutions extrajudiciaires.

"Je sais qu'ils ont été tués violemment et oui, je leur chuchote des choses. Je demande de l'aide", raconte Mme Fortun au sujet des ossements disposés sur des tables en bois.

Toute seule, elle examine minutieusement les squelettes dans une pièce blanchie à la chaux du Collège de médecine de l'Université des Philippines, où elle dirige le département de pathologie.

Des vêtements souillés sont empilés sur le sol près de housses mortuaires et de boîtes en plastique contenant des restes humains.

Selon elle, les âmes des morts tentent d'attirer son attention pour lui expliquer ce qui leur est arrivé.

"J'entendais quelque chose tomber sur le sol, un tout petit objet comme un bouton, une pièce de monnaie (...) et bien sûr, en regardant, il n'y avait rien", confie-t-elle.

C'est un travail lugubre et solitaire, qui n'est pas sans danger. Ses découvertes et ses diatribes sur Twitter contre le système judiciaire philippins "hérissent souvent le poil" des partisans de M. Duterte, ce qui lui vaut de recevoir fréquemment des menaces de mort.

"J'ai plus peur des vivants que des morts", déclare Mme Fortun. "A tout moment, quelqu'un peut simplement passer à côté de ma voiture (...) et me tirer dessus."

- Des corps qui ne cessent de s'empiler -

Selon les chiffres officiels, la campagne anti-drogue de M. Duterte a fait plus de 6.200 morts. Mais les groupes de défense des droits humains évoquent des dizaines de milliers de victimes.

Le président Ferdinand Marcos Jr, arrivé au pouvoir en juin, s'est engagé à poursuivre la guerre contre la drogue, mettant l'accent sur la prévention et la désintoxication.

Mais les corps continuent de s'accumuler. Au moins 150 personnes ont été tuées depuis l'arrivée de Marcos au pouvoir, estiment des défenseurs des droits humains. 46, selon la police.

Raquel Fortun déclare avoir examiné jusqu'à présent les restes de 70 personnes tuées sous le mandat de M. Duterte.

Onze d'entre elles avaient le crâne ou d'autres os perforés par des balles, parfois aux poignets.

Ses conclusions contredisent les certificats officiels de décès concluant à leur mort naturelle.

La scientifique espère que ses preuves pourront être utilisées devant un tribunal philippin ou la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye qui a ouvert en 2021 une enquête sur les éventuels crimes contre l'humanité commis aux Philippines.

Mais "serai-je appelée par la CPI ou un tribunal similaire? Je ne sais pas", déclare-t-elle.

- "Les morts me gardent en vie" -

Depuis le début de la guerre anti-drogue en 2016, seuls trois policiers ont été condamnés pour homicide. Un autre agent a été emprisonné le mois dernier pour avoir torturé deux adolescents, tués au plus fort de la répression.

Malgré son expertise, Mme Fortun a déclaré que les autorités faisaient rarement appel à elle pour enquêter sur des mortes suspectes ou inexpliquées.

Pour monter un dossier, la police s'appuie la plupart du temps sur des témoignages, et non sur des preuves médico-légales.

Les autopsies nécessitent également l'approbation du plus proche parent pour être effectuées par la division médico-légale de la police, ou, lorsque les corps se trouvent dans des zones reculées, par des médecins généralistes.

Mais ni la police ni les médecins de famille ne disposent de la formation ou de l'équipement requis par la médecine légale, explique Mme Fortun: "Ils ne savent même pas comment faire des autopsies".

Mais les choses pourraient être sur le point de changer. Récemment, elle a été invitée à pratiquer une deuxième autopsie sur le corps d'un détenu soupçonné d'avoir été impliqué dans le meurtre d'un journaliste.

L'autopsie de la police n'avait décelé "aucun signe apparent de blessure physique externe" mais Raquel Fortun a déterminé qu'il avait été étouffé par un sac en plastique. Ses conclusions ont permis le dépôt de plaintes pénales contre le directeur de la prison et de nombreux détenus.

Le ministre de la Justice, Crispin Remulla, a également annoncé son intention de former davantage de médecins légistes.

"J'ai de nombreux problèmes de santé. Parfois, je me demande pourquoi je suis encore là", raconte Mme Fortun. "Peut-être que les morts me gardent en vie".

T.Sasaki--JT